fornaldarsögur – sagas des temps anciens ou sagas légendaires


Les fornaldarsögur (« sagas des temps anciens »), également connues sous le nom de sagas légendaires, sont un groupe de sagas dont l’action de déroule dans les pays du Nord (hors Islande) ou leur voisinage, à une époque reculée. Puisant leur inspiration dans les traditions nordiques, elles mettent en scène des héros évoluant dans un univers légendaire.

Le terme de fornaldarsaga est une création moderne. Il trouve son origine dans les Fornaldar sögur Norðurlanda éditées, en trois volumes publiés à Copenhague en 1829 et 1830, par le philologue danois Carl Christian Rafn. Rafn a retenu trente-et-une œuvres en prose (plus deux poèmes), mais la délimitation exacte du corpus est sujet à discussions.

Plusieurs sous-classifications ont été proposées, reflétant la diversité du genre. L’une des plus connues trouve son origine chez Helga Reuschel, et a été reprise, notamment, par Kurt Schier. Elle distingue Heldensagas, Wikingersags et Abenteuersagas. Celle proposée par Hermann Pálsson qui distingue hero legends et adventure tales en est une version simplifiée.

Les « sagas héroïques », d’une tonalité souvent tragique, trouvent leur inspiration dans les légendes germaniques. Leurs héros se retrouvent parfois dans les poèmes héroïques scandinaves et, plus largement, du monde germanique (poèmes en vieil anglais, vieux haut-allemand, moyen haut-allemand). Ces sagas contiennent d’ailleurs souvent des poèmes de type eddique, plus anciens que la prose qu’ils accompagnent. Figurent dans cette sous-catégorie la Hervarar saga ok Heiðreks, la Hrólfs saga kraka, la Ragnars saga loðbrókar, la Völsunga saga

Les « sagas d’aventures » s’apparentent davantage aux contes populaires. Elles mettent en scène une quête s’achevant généralement de façon positive (le héros obtient la main d’une princesse, par exemple). Elles sont aussi plus proche des romans de chevalerie continentaux. Appartiennent à cette sous-catégorie la Bósa saga, la Göngu-Hrólfs saga, la Hrólfs saga Gautrekssonar, l’Örvar-Odds saga

Les différentes catégories, entre lesquelles les frontières sont parfois floues, ont en commun de se dérouler à une époque reculée (mais généralement indéterminée), avant l’unification de la Norvège et la colonisation de l’Islande, ce qui les distinguent des sagas d’Islandais et de l’essentiel des sagas royales. Elles prennent généralement place dans un univers nordique (à l’exclusion de l’Islande) ou son environnement proche (îles Britanniques, Allemagne, Russie…), au contraire des sagas de chevaliers, dont le décor est plus volontiers exotique.

Les sagas légendaires se caractérisent aussi par leurs personnages-types, des motifs souvent empruntés aux contes populaires, tels que la quête d’une épouse, la vengeance, les malédictions, les batailles et combats en tout genre (notamment dans le cadre d’expéditions vikings), ainsi que la présence du surnaturel : créatures fantastiques (géants, nains, elfes), dieux et autres personnages mythologiques, magie, métamorphoses…

Les plus anciens manuscrits contenant des fornaldarsögur ne datent que du début du XIVe siècle (la Hauksbók, par exemple), mais la plupart sont beaucoup plus récents. Elles reposent toutefois sur des traditions orales anciennes, dont Saxo Grammaticus s’est inspiré au début du XIIIe siècle pour rédiger sa Gesta Danorum. Des sagas légendaires auraient déjà été récitée lors des célèbres noces de Reykjahólar en 1119 (selon le témoignage de la Þorgils saga ok Hafliða, composée bien après les événements qu’elle rapporte), ou sur le navire du roi Magnús lagabœtir en 1263 (d’après le Sturlu þáttr). Il est difficile d’établir à quelle date ces sagas ont pour la première fois été couchées sur parchemin. Elles sont cependant traditionnellement considérées comme d’apparition tardive (fin du XIIIe, XIVe siècles).

Ces sagas tardives et sans valeur historique, riches en éléments folkloriques et conçues pour le divertissement, n’ont longtemps que peu retenu l’attention des chercheurs. Les fornaldarsögur ont en revanche constitué un genre très populaire, comme l’attestent le grand nombre de manuscrits – plus de 1 500 textes sont conservés dans près de 800 manuscrits, ainsi que le fait que la plupart ont fait l’objet de rímur islandaises ou de ballades en Norvège, au Danemark, en Suède, aux îles Féroé. Plus récemment, elles ont servi de source d’inspiration pour des auteurs modernes (la Frithiofs saga d’Esaias Tegnér ou L’Anneau du Nibelung de Richard Wagner) ou contemporains (J.R.R. Tolkien et un grand nombre de romanciers de fantasy).

Plus d’informations sur les sagas légendaires dans “Les sagas légendaires” – Les Belles Lettres 1998 – Régis Boyer

 

De fausses sagas sont aussi apparues au cours du temps. Nottament la La Hafgeirs saga Flateyings est une saga prétendument du XIIe siècle. Il s’agit en réalité d’un faux, forgé à la fin du XVIIIe siècle.

Certaines sagas se retrouvent aussi  dans les sagas des chevaliers. Notamment : Þiðreks saga af Bern (« Saga de Théodoric de Vérone »)

 

Liste des sagas légendaires version originale

Édition de référence : Fornaldar sögur Norðurlanda, Guðni Jónsson bjo til prentunar, Reykjavik, Íslendingasagnaútgáfan, 1950, 4 vol. Cette édition comporte les textes suivants :

Autres éditions :

Formanna sögur, eptir gömlum handritum að tilhlutun hins norræna fornfræða félags, Copenhague, Harðvíg Friðrek Popp, 1825-1837, 12 vol.

Fornaldar sögur Norðurlanda, Guðni Jónsson og Bjarni Vilhjálmsson sáu um útgáfuna, Reykjavik, Forni, 1943-1944, 3 vol. en ligne :