Þiðreks saga af Bern – Saga de Théodoric de Vérone 


La Þiðreks saga af Bern (« Saga de Théodoric de Vérone ») est une saga dans laquelle apparaissent, autour de la figure de Þiðrekr (le roi ostrogoth Théodoric le Grand), un grand nombre de héros et de légendes héroïques allemands.

La Þiðreks saga a pour cadre la vie de Þiðrekr, historiquement le roi ostrogoth Théodoric le Grand, qui régna sur l’Italie de 493 à 526, devenu, sous le nom de Dietrich, l’un des principaux héros de la littérature allemande médiévale. Elle rapporte sa naissance, comment il dut fuir face son oncle Ermrich (Ermanaric) et se réfugier à la cour du roi Etzel (Attila), sa victoire sur Ermrich et son retour dans son royaume, et enfin sa disparition, emporté sur un cheval noir. Sur cette trame sont greffées les histoires de nombreux héros, alliés ou adversaires de Þiðrekr.

La saga met en effet en scène un grand nombre de héros de la littérature allemande médiévale, dont elle retrace la généalogie, l’enfance, les exploits et la mort, épisodes qui n’ont souvent pas été conservés ailleurs. Certains personnages sont également connus de la littérature norroise : c’est le cas de Velent (Völundr) ou de Sigurðr et des Niflungar, que la saga évoque en s’appuyant sur une tradition distincte de celle figurant, tant dans les sources norroises que dans le Nibelungenlied.

Composée en Norvège à une date incertaine, pouvant aller de la fin du XIIe siècle au milieu du XIIIe siècle, le mode de composition de la Þiðreks saga fait également débat. Elle débute par un prologue dont l’auteur affirme que « cette saga est composée d’après les récits des Allemands, et en partie d’après leurs chants, avec lesquels il faut divertir les grands hommes ». La Þiðreks saga serait ainsi une compilation de légendes allemandes, transmises par une tradition orale dont l’auteur aurait sans doute eu connaissance grâce aux commerçants allemands de la Hanse, nombreux à Bergen, où régnait le roi Hákon Hákonarson, qui fit traduire de nombreuses œuvres d’origine continentale. Theodore M. Andersson a en revanche défendu la thèse selon laquelle la saga serait une simple traduction d’un texte allemand.

Unique saga d’inspiration allemande, son caractère atypique et composite rendent vaine toute tentative de classer la Þiðreks saga dans l’une ou l’autre des catégorie de sagas. Si certains récits de cette compilation la rattachent aux sagas légendaires, d’autres la rapprochent des sagas de chevaliers.

Le manuscrit le plus ancien de la Þiðreks saga est un parchemin norvégien composé dans la seconde moitié du XIIIe siècle (Stock. Perg. fol. no. 4). Il comprend plusieurs lacunes. Il existe aussi plusieurs manuscrits islandais sur papier, dont les principaux, composés au XVIIe siècle et contenant la totalité de la saga, sont l’AM 177 fol. et l’AM 178 fol. La saga a également été traduite en suédois au milieu du XVe siècle sous le nom de Didrikskrönikan.

Traduction

  • Saga de Théodoric de Vérone (Þiðekssaga af Bern) : légendes héroïques d’outre-Rhin. Introduction, traduction du norrois et notes par Claude Lecouteux. Paris : Honoré Champion, 2001.