Les riddarasögur (« sagas de chevaliers ») regroupent deux types de sagas : d’une part, des traductions et adaptations de chansons de geste, romans courtois, lais… d’origine française ou anglo-normande le plus souvent ; d’autre part des sagas originales s’inspirant des intrigues, structure et style des précédentes.
Les traductions trouvent leur origine en Norvège sous le règne de Hákon Hákonarson (1217-1263), soucieux de voir son pays intégrer le modèle culturel européen, féodal et courtois. Hákon est d’ailleurs nommé comme le commanditaire de plusieurs sagas, et l’introduction de la Viktors saga ok Blávus indique qu’« il fit traduire un grand nombre de riddarasögur du grec ou du français en norrois ». Contrairement à celui de fornaldarsaga (“sagas des temps anciens” ou sagas légendaires), dû à la recherche moderne, le terme de riddarasaga est donc ancien, les plus vieux manuscrits de la Viktors saga datant du XVe siècle.
Les œuvres traduites sont des chansons de geste (Karlamagnus saga, avec l’épisode du Runzivals bardagi, la bataille de Ronceveaux), des lais (Strengleikar), des romans courtois (Erex saga, Ívens saga, Parcevals saga, traduites de Chrétien de Troyes), des romans d’aventures (Flóres saga ok Blankiflúr), des fabliaux. Elles incorporent ainsi la matière de France ou la matière de Bretagne à la littérature norroise. Sont parfois aussi inclues parmi les sagas de chevaliers des traductions d’œuvres historiques ou pseudo-historiques antiques (Trójumanna saga) ou médiévales (Breta sögur). Les riddarasögur apparaissent comme des adaptations, mêlant à un contenu continental plus ou moins fidèlement rapporté leur style norrois.
Si les sagas de chevaliers issues de traductions trouvent leur origine en Norvège avant de gagner l’Islande, celles dites indigènes ou originales, encore appelées lygisögur (« sagas mensongères ») sont en revanche des créations islandaises. Apparu à la fin du XIIIe, le genre, très populaire, s’est perpétué pendant plusieurs siècles. L’intrigue de ces sagas repose sur une quête : quête d’une fiancée, le plus souvent, mais aussi tort à redresser, comme un trône usurpé, ou recherche d’un parent disparu. Le décor est souvent exotique (Proche-Orient, Inde), comme les noms des personnages. Ces lygisögur abondent en éléments surnaturels : sortilèges, objets enchantés, comme le tapis volant. La récurrence de ces motifs conduit à les qualifier en allemand de Märchensagas, de Märchen : « conte de fées ». Elles contiennent un grand nombre de lieux communs, tels que les scènes de bataille, de banquet, ou de mariage, qui vient généralement conclure la saga. Les sagas de chevaliers indigènes ressemblent à certains égards aux sagas légendaires, et la frontière entre les deux genres n’est pas strictement délimitée.
Les sagas de chevaliers (Riddarasögur) bénéficient d’une place à part au sein de la production littéraire islandaise. Il s’agit en effet d’œuvres d’adaptation et de traduction de textes médiévaux en ancien français, latin ou bien vieil-allemand. Si le cycle arthurien et les chansons de gestes tiennent une place non négligeable dans cette production, il ne faut pas pour autant négliger les influences diverses comme les récits bibliques ou bien les textes de l’antiquité classique. La datation de ce genre pose problème aux spécialistes puisqu’on considère que l’activité de traduction commence autour de la moitié du XIIIe siècle (sous le règne du roi norvégien Hákon Hákonarson 1217-1263) et s’étend jusqu’au XIVe siècle (voire plus tard ?).
I. Les sagas de chevaliers
Adonías saga
Blómsturvalla saga
Bærings saga
Dámusta saga
Dínus saga drambláta
Ectors saga
Flóres saga konungs og sona hans
Gibbons saga
Grega saga
Haralds saga Hringsbana
Hrings saga og Tryggva
Jarlmanns saga og Hermanns
Jóns saga leikara
Kirjalax saga
Kónraðs saga keisarasonar
Mágus saga jarls
Mírmanns saga
Nikulás saga leikara
Nítida saga
Rémundar saga keisarasonar
Samsons saga fagra
Sálus saga og Nikanors
Sarpidons saga sterka
Sigurðarðs saga frækna
Sigurðarðs saga og Valbrands
Tristrams saga og Ísoddar – Saga de Tristan et Iseult
Valdimars saga
Viktors saga og Blávus
Vilhjálms saga sjóðs
Vilmundar saga viðutan
Þjálar-Jóns saga
II. Œuvres traduites et adaptées du latin
Alexanders saga
Amicus saga og Amilíus
Breta sögur
Clari saga (Klári saga)
Trójumanna saga
III . Œuvres traduites et adaptées de l’ancien français
Bevers saga
Elís saga og Rósamundu
Erex saga
Flóres saga og Blankiflúr
Flóvents saga
Ívents saga
Karlamagnús saga og kappa hans
Móttuls saga
Parcevals saga
Valvers þáttr
Partalopa saga
Strengleikar
Tristrams kvæði en version originale
Tristrams saga og Ísöndar
IV. Œuvre traduite et adaptée du vieil-allemand