Venise (septembre 2016)

Posté Par Philippe le 18.09.2016 | 0 commentaire


Cette deuxième semaine de septembre j’étais avec une classe à Venise. Nous avons beaucoup marché et visité. Nous avons également bien profité du soleil et de la chaleur.

1er jour

Nous sommes partis de Lausanne à 8h20 et arrivé à Venise à 14h40. Le trajet est relativement long, mais le train a toutefois l’avantage d’être nettement moins stressant avec un groupe d’élèves.

Il nous reste maintenant à nous rendre à Punta Sabbioni, au camping Miramare où nous allons passer les 4 nuits de notre séjour.

Nous prenons le vaporetto n°2 qui passe par le canal de la Guidecca. Nous profitons d’être sur la ligne 2 pour nous arrêter à San Giorgio Maggiore et monter dans le campanile. La vue depuis le sommet est incroyable. Venise s’étend devant nous dans toute sa splendeur.

Nous reprenons le n°2 pour traverser le bassin de Saint-Marc et allons chercher le bateau n°14 qui nous mènera à Punta Sabbioni. Nous terminons le trajet jusqu’au camping dans un bus navette.

2ème jour

Au programme d’aujourd’hui il y a la visite du Palais des Doges, et une balade dans les quartiers de San Polo et Santa Croce.

Le bateau n°15 nous ramène à Venise. Nous commençons par un petit tour dans le quartier de Castello. Nos pas nous mène à la basilique SS Giovanni e Paolo, une des plus grande de Venise. Puis nous prenons la direction du Palais des Doges.

Nous commençons par une visite guidée des “itinéraires secrets”. Elle nous permet de visiter les anciennes prisons, les célèbres “plombs” et surtout la cellule du prisonnier le plus célèbre de ceux-ci : Giacomo Casanova, le fameux séducteur. Nous terminons par la visite classique du palais des Doges.

Après le repas de midi nous traversons le Grand Canal par le pont du Rialto et nous nous enfonçons dans les petites ruelles des quartiers de San Polo et Santa Croce. Nous retrouvons le Grand Canal à la gare.

Le vaporetto n°1 nous permet de revenir en direction de Saint-Marc. Nous descendons au pont de l’Accademia. La pluie commence à tomber. Ce n’est pas trop grave parce que nous avons prévu de visiter le musée du même nom.

Pour terminer la journée, et avant de rentrer au camping, nous profitons du soleil revenu pour manger une glace sur le Campo Santa Margherita.

3ème jour

Journée des îles: Burano, Torcello, Murano.

A 9 h nous prenons le bateau direction Burano, l’île aux maisons colorées. Le soleil tente de se faire une place entre les nuages. Mais celui-ci prendra rapidement le dessus. Après 20 minutes de trajet, nous débarquons sur l’île. Toutes les maisons sont peintes dans des couleurs vives. Traditionnellement, les femmes de l’île peignent les maisons pour que leurs maris pêcheurs les voient de loin ! Il n’y a pas grand chose à visiter sur l’île. Il faut surtout déambuler simplement dans les rues, longer les quelques canaux et profiter du calme de l’île. C’est ce que je fais.

Nous passons une heure sur l’île, puis nous reprenons le bateau pour aller à Torcello. Cette île fut la première zone de peuplement de la lagune à partir du VIe siècle. Elle en devient l’île la plus peuplée et compte 10000 habitants au Xe siècle. L’envasement de ses canaux et la propagation de la malaria conduisent l’île à être peu à peu désertée. En 2009, Torcello ne compte plus qu’une soixantaine d’habitants. Actuellement elle vaut le détour pour sa cathédrale Santa Maria Assunta et ses  somptueuses mosaïques, réalisées entre le XIIe siècle et le XIVe siècle, couvrent les murs de l’abside et des deux chapelles encadrant le chœur. Au revers de la façade s’étire une immense et majestueuse mosaïque représentant le Jugement dernier.

Une heure suffit amplement pour faire la visite de l’île. Nous reprenons le bateau pour aller sur la troisième île de la journée: l’île de Murano, l’île des verriers. C’est la plus grande et la plus connue des îles de la lagune de Venise. En 1291, suite à plusieurs incendies à Venise, les verriers sont déplacés à Murano, qui devient ainsi le centre mondial de la verrerie. La verrerie de Murano est encore très réputée aujourd’hui, et on y retrouve une multitude de magasins.

Nous visitons bien entendu un atelier de souffleur de verre. Nous avons droit à la confection d’un cheval et d’un vase. Il a fallu environ 1 minute au maître verrier pour le faire: stupéfiant. Puisque nous sommes sur l’île nous profitons pour entrer dans l’église Santi Maria E San Donato (une des rares dont la visite est gratuite !) et y admirer de superbes mosaïques et un pavement en damier.

Les visites des îles achevées, nous retournons à Venise et faisons encore un petit tour dans le quartier de Cannaregio. Entre ruelles étroites et “rues” longeant les canaux ce quartier est un de mes préférés. Nous passons devant la Chiesa Madonna dell’Orto, la maison de Tintoret et traversons le campo dei Mori.

Nous profitons de cette belle fin de journée pour nous reposer à une terrasse sur le Campo Santa Barnaba …

4ème jour

Ce matin, plutôt que de descendre directement à Saint-Marc, nous changeons de bateau au Lido et prenons la ligne 2. Nous pouvons donc descendre à Giardino et ainsi voir une autre quartier beaucoup moins touristique que son voisin de Saint-Marc: Castello. Nos pas nous mène vers l’Arsenal, puis nous passons devant l’église San Francesco della Vigna (la deuxième grande église franciscaine de Venise après l’église Santa Maria Gloriosa dei Frari). Avant de reprendre la direction de la place Saint-Marc nous continuons vers la basilique SS Giovanni e Paolo avant de repiquer sur le campo Santa Maria Formosa et de ressortir au niveau du pont des Soupirs.

Nous traversons la place Saint-Marc et nous rendons à la Fenice où nous avons rendez-vous pour une visite guidée.

Après le repas de midi nous visitons le quartier de Dorsuduro. Entre le Giudecca et le Grand Canal, le Dorsoduro est un quartier agréable. C’est aussi le quartier chic de Venise. La collectionneuse Peggy Guggenheim y a acheté un palais afin d’exposer sa collection d’art. Dorsoduro est également le quartier universitaire de Venise. On passe devant la Salute, puis devant la Punta della Dogana, avant de revenir vers l’Ouest en suivant les Zattere (quais au bord du canal de la Guidecca). Il fait vraiment chaud. Nous avons bien mérité une glace !

Nous avons encore une visite prévue pour cette fin de journée: la basilique Saint-Marc. Il y a beaucoup de monde, mais c’est quand même une visite incontournable.

Avant de libérer les élèves nous faisons un petit tour en gondole. C’est kitch, mais c’est sympa de pouvoir voir une tout petit bout de Venise autrement. Le tour terminé, nous nous donnons rendez-vous sur le Campo Santa Margherita pour le repas du soir. Comme hier nous mangerons en ville et reprendrons le bateau dans la soirée.

5ème jour:

C’est aujourd’hui que nous rentrons.

Après avoir rangé nos affaires et nettoyé les bungalows au camping, nous embarquons avec tous nos bagages sur le bateau qui nous ramène à Venise. Puis nous prenons le n°2 pour aller à la gare.

Le bateau est tellement plein que nous n’arrivons pas à sortir à la gare. Même en poussant, rien à faire. Les gens poussent pour entrer, alors nous avec nos bagages … Nous sortons à l’arrêt suivant et décidons de revenir à pied à la gare.

Nous déposons les valises à la consigne, puis montons dans le vaporetto 5.2 pour aller sur la partie nord de Venise. Le 5.2 emprunte le canal de Cannaregio. Après avoir passé sous le pont aux trois arches, il ressort dans la lagune. Nous sortons à l’arrêt Orto, puis nous prenons le chemin du Ghetto. C’est ici que s’achève nos visites vénitiennes.

On se donne rendez-vous à 15h30 pour aller reprendre les bagages et attendre le trains qui nous ramènera chez nous.

C’est au moins la 10ème fois que je viens à Venise et je ne m’en lasse pas. A chaque fois j’ai du plaisir à revoir et à errer dans les quartiers de la ville. A chaque fois j’y découvre quelque chose de nouveau. Je me réjouis déjà de revenir ici.

Merci Irène et Cécile.

 

toutes les photos ici.

Un peu d’histoire (article proposé à mes élèves): https://pl-cours.ch/venise-histoire/

transports à Venise :

balades diverses :un site intéressant ici.

Canarregio

Jadis seul lien important avec la terre ferme, Cannaregio est le quartier le plus septentrional et le plus peuplé de Venise. Un peu plus petit que le grand Castello, c’est ici qu’aboutissent le Ponte della Liberta et les voies de chemin de fer qui relient la ville au continent.

  • Campo dei Mori (site)
  • Chiesa Madonna dell’Orto (site) : Etape importante pour se familiariser avec l’oeuvre du Tintoret, cette élégante église en brique rouge et marbre blanc est considérée comme l’une des plus belles de Venise. Erigée au XVe siècle et initialement dédiée à saint Christophe, elle fut ensuite consacrée à une statue de Madone à l’Enfant, considérée comme miraculeuse, retrouvée non loin dans un potager (orto en italien). Vous pouvez la voir dans la chapelle San Mauro. Passé le portail gothique de l’église, vous découvrirez à l’intérieur trois amples nefs dans lesquelles sont conservées des toiles de Jacopo Tintoretto (1518-1594 ; il naquit et vécut toute sa vie à Cannaregio). Le tombeau du grand artiste se trouve dans la première chapelle de droite, près du maître-autel où l’on pourra admirer les étonnantes grandes toiles que le peintre réalisa pour cette église : un splendide Jugement Universel et L’Adoration du veau d’or, où l’artiste s’est représenté en l’homme qui porte le veau, la 4e figure en partant de gauche. Il est en compagnie d’autres peintres célèbres, tels que Giorgione, Titien et Véronèse. Du Tintoret, vous pouvez encore admirer, sur la porte d’accès à la chapelle San Mauro, une Présentation de Marie au Temple, datant de 1552, et, dans la quatrième chapelle de gauche, une Sainte Agnès. Une toile de Cima da Conegliano, représentant saint Jean Baptiste, orne le premier autel dans la nef de gauche, tandis que dans la chapelle Valier, située dans la première nef de gauche, une photo (pas toujours exposée) remplace une Vierge à l’Enfant, de Giovanni Bellini, dérobée en 1993.
  • Le Ghetto : Divisée en Ghetto Vecchio et Ghetto Nuovo, cette partie au nord-est de Cannaregio est tristement célèbre pour avoir été à l’origine du mot «ghetto» qui dériverait du nom de la zone où les juifs de Venise étaient contraints à vivre. L’attitude de la Sérénissime à l’égard des Juifs fut toujours ambiguë. Au début du XVIe siècle, l’antisémitisme battait son plein dans la région et les juifs de Trévise, de Padoue et de Vérone se réfugièrent en masse à Venise. Les prédicateurs dominicains en profitèrent pour demander l’expulsion définitive de toute la population juive de Venise, mais la Sérénissime, consciente de l’importance de cette communauté pour l’économie de la République, choisit une solution alternative : elle autorisa les juifs à s’installer de manière définitive, en tant que prêteurs à gages, fripiers et médecins, dans une zone assignée et fermée. En 1516, un décret institua donc le premier ghetto de l’histoire. On opta pour une petite île de Cannaregio, l’île de Geto Nuovo. Le mot « geto » désignait en vénitien l’endroit où étaient rejetées les scories des fonderies voisines. L’île, en partie désaffectée, fut vendue à une famille bourgeoise, les Da Brolo, qui fit aménager une cour de 25 maisons approvisionnée par trois puits (toujours existants). Cette zone prit le nom de Ghetto Nuovo. Les habitants du ghetto juif étaient soumis à des règles de vie très strictes. A la tombée du jour, ils étaient enfermés dans leur quartier et surveillés par des gardes (payés par la communauté juive !) qui leur interdisaient tout contact avec l’extérieur. Bien que contrôlée, l’activité commerciale juive était florissante. Le Ghetto Vecchio attirait la ville entière pour l’excellence de ses marchés et de ses boutiques. L’activité culturelle y était également très intense, car le Ghetto s’était doté de plusieurs synagogues, d’un centre d’études rabbiniques, d’un théâtre, d’un conservatoire de musique et de salons littéraires. Au début du XVIIe siècle, les juifs du Ghetto étaient plus de 5 000. Au XVIIIe siècle, les Vénitiens se montrèrent de plus en plus tolérants : les signes distinctifs furent abandonnés et l’on venait consulter les médecins du Ghetto. En 1797, Napoléon décida la suppression du Ghetto. Il fut en revanche rétabli par les Autrichiens et il ne fut définitivement aboli qu’en 1866. Aujourd’hui, les familles juives sont disséminées dans toute la ville, mais dans ce quartier de Cannaregio se trouvent encore des boutiques kasher, des librairies juives et de très belles synagogues, ouvertes à la visite.
  • Fondamenta Nuove : important point de raccord entre les îles du nord de la lagune et le centre de Venise, bien que plusieurs riches demeures se soient élevées ici au XVIIe siècle, le coin a conservé son air de quartier marchand, avec ses entrepôts et ses boutiques marchandes. La vue sur l’île de San Michele est admirable. C’est d’ailleurs d’ici que vous embarquerez pour rejoindre les îles au nord de la lagune.

Castello

Vaste oliveraie au Moyen Age, ce quartier s’appelait à l’époque Olivolo. C’est en référence à la forteresse aujourd’hui disparue qui se trouvait sur la petite île de San Pedro qu’il prit son nom actuel et c’est aujourd’hui le plus grand des six quartiers de la Sérénissime.

  • Arsenal (site) : L’Arsenal était le chantier de constructions navales de Venise. Fondé en 1104, ce bâtiment a été modifié aux XIVe et XVe siècles. Des centaines de navires marchands et des bateaux de guerre furent construits à l’Arsenal, qui a d’ailleurs été nationalisé au XIIe siècle (la première nationalisation connue !).
  • Basilique SS Giovanni et Paolo (site) : Cette église dominicaine, appelée par les Vénitiens « Zanipolo », est l’une des plus grandes d’Europe et des plus ornées de la Sérenissime, c’est dire ! Construite entre le XIIIe et le XIVe siècle, elle mesure 100 m de longueur sur 30 m de largeur (nef) et 45 m (transept) sur 32 m de hauteur. Sa coupole fait 45 m de diamètre. Les colonnes de son imposante façade au portail décoré de reliefs byzantins attribués à Bartolomeo Bon appartenaient à une ancienne église de Torcello. Les quatre reliefs qui entourent le portail sont des urnes funéraires, celles de l’extrême gauche étant celles de Jacopo et de Lorenzo Tiepolo. Une rosace décorée de vitres de Murano et les trois pinacles abritant les statues de saint Pierre, de saint Dominique et de saint Tomas d’Aquin ornent le sommet de la façade. L’église abrite plusieurs tombeaux de doges vénitiens. Le tombeau situé à droite de l’entrée est celui du doge Pietro Mocenigo ; il a été réalisé par Pietro Lombardo en 1481. Plus loin, du côté gauche, on peut admirer la chapelle de Saint- Dominique au plafond décoré d’une fresque de Piazzetta. Cette chapelle abrite une relique de sainte Catherine (son pied).
  • Église San Francesco della Vigna : « Vigna » en italien signifie «vignoble». Un vignoble poussait en effet à l’endroit où les franciscains ont édifié cette église en 1253. San Francesco delle Vigna fut réaménagée en 1534 par Jacopo Sansovino, d’après les conseils du moine Zorzi qui basa ses calculs sur le chiffre de la Trinité : 9 pas sur 27 pour la nef, 3 pas pour les chapelles latérales. Andrea Palladio construisit la façade quelques années après. Vous êtes ici dans la deuxième grande église franciscaine de Venise, toute de rigueur et de simplicité, après Santa Maria dei Frari. Le choeur, autrefois occupé par les moines, est derrière l’autel. A l’intérieur, le cloître à gauche de l’autel conserve une Vierge à l’Enfant de Giovanni Bellini, et deux tableaux de Véronèse : la Conversation sacrée, et la Résurrection du Christ.
  • „Église Santa Maria Formosa (site) : Cette église aux deux façades (sur le campo et sur le canal) fut dessinée par Mauro Codussi en 1492 et achevée en 1592. Détruite par un tremblement de terre en 1668 et par un bombardement pendant la Première Guerre mondiale, elle a été remaniée à plusieurs reprises. Le campanile date de 1638. L’église conserve un triptyque de Bartolomeo Vivarini (première chapelle à droite – Cappella della Concezione), une Cène de Bassano et un polyptyque de Palma il Vecchio (chapelle à droite du maîtreautel – Cappella della Scuola dei Bombardieri) représentant sainte Barbe. Cette représentation était considérée au XVIe siècle comme le type même de la beauté féminine. Enfin, dans l’oratoire sont conservés une Vierge à l’Enfant et un Saint Dominique de Giambattista Tiepolo (XVIIIe siècle).
  • Église San Giorgio dei Greci : Une des plus belles églises orthodoxes au monde. Construite grâce aux dons des Grecs orthodoxes de Venise (qui à l’époque étaient au nombre de 12 000) et des marins grecs de passage à Venise, elle fut édifiée en 1564 en style Renaissance. Avant d’entrer, vous ne pouvez pas ne pas noter le clocher penchant, l’un des nombreux présents dans la ville, la mosaïque représentant le Christ Sauveur et une épigraphe indiquant la date de la construction. Une importante collection d’icônes est conservée dans l’église. La coupole fut décorée sous la direction du Tintoret par un peintre grec, Giovanni Cipriota. L’oeuvre la plus importante de l’église est cependant un très bel icône byzantin du début du XIVe siècle (à droite des Portes royales), signalée par Goethe et Malraux dans leurs oeuvres. Autour de l’église s’étendait le quartier grec, abandonné suite à la confiscation des biens de la communauté grecque pendant l’administration napoléonienne.
  • Giardini pubblici : Via Garibaldi. Un des lieux les plus paisibles de Venise permettant de jouir d’une des vues les plus sublimes sur la lagune. Les jardins municipaux étaient autrefois un quartier de pêcheurs et de merlettaie (les dames qui travaillaient les dentelles). Construits par Napoléon Ier, les jardins sont aujourd’hui un haut lieu de l’art contemporain international, abritant la célèbre Biennale Internazionale d’Arte Contemporanea. L’entrée principale des jardins (Viale Trento ou Riva dei Partigiani) est gardée par une statue en bronze de Giuseppe Garibaldi.
  • Riva degli Schiavoni : Ce quai est, certes, très touristique, mais il est vraiment remarquable. Il doit son nom aux marins de la Schiavonia, nom que les Vénitiens donnaient autrefois à la Dalmatie, dont les bateaux remplis d’esclaves jetaient l’ancre près d’ici. Chaque heure donne au bassin une couleur nouvelle. Vous croiserez les ombres de George Sand et de Musset qui abritèrent leurs amours à l’hôtel Danieli, après le pont des Soupirs et les Prigioni. Et vous admirerez palais et églises, mais aussi les îles de la Grazia et de San Servolo, au loin le Lido, et puis, bien sûr, les coupoles de la Salute, le clocher de San Giorgio, la boule d’or de la douane de mer. Aprés le Ponte del Vin, le quai devient plus calme.
  • Via Garibaldi : Cette grande avenue était autrefois un canal. Comblé en 1807, le canal s’est transformé aujourd’hui en une des artères les plus animées de Castello. Animée de bars, de restaurants et de magasins, cette rue, la seule via avec la Via XXII Marzo, constitue un passage obligé pour ceux qui décident d’explorer la partie la plus extrême du vieux Venise. Peu de touristes s’y aventurent, mais la promenade dans les ruelles populaires qui l’entourent vaut absolument le coup si vous cherchez Venise habité par les Vénitiens authentiques. A l’entrée de la Via Garibaldi, ne manquez pas de jeter un coup d’oeil à la maison de Jean Cabot (première à droite), l’explorateur italien qui découvrit Terre-Neuve et le Labrador.

Dorsoduro

Lieu de prédilection de la jeunesse locale, ce quartier est un enchantement pour le visiteur qui voudra concilier la grandeur passée de la Sérénissime et l’insolent dynamisme dont fait parfois preuve la cité des Doges. Cette audace, la jeunesse vénitienne, celle qui ne part pas sous d’autres cieux, s’en fait le porte-drapeau à travers les étonnantes galeries que vous pourrez croiser au hasard des ruelles de Dorsoduro.

  • La basilique Santa Maria della Salute : La basilique Santa Maria della Salute fut réalisée par Baldassarre Longhena et ses élèves entre 1631 et 1687 (Longhena mourut en 1682) et nécessita la démolition d’un espace déjà habité. 56 ans furent donc nécessaires pour pouvoir remercier la Vierge d’avoir libéré la ville d’une terrible épidémie de peste qui décima la population vénitienne en 1630. Depuis, le jour de la présentation de Marie au temple, le 21 novembre, l’église devient lieu de pèlerinage. Pendant cette journée, un pont de barques s’organise sur le Canal Grande permettant à la foule des fidèles de gagner l’église à pied et d’y allumer un cierge. Pour soutenir cette imposante structure de style baroque, 1 556 627 poteaux en bois furent nécessaires. Réalisée en pierre blanche et en forme de couronne octogonale, la basilique est enrichie d’une coupole colossale dont le sommet est couronné par une statue de la Vierge en uniforme de capitaine de Marine. L’extérieur est sculpté de motifs relatifs à la Vierge et à sa fonction de protectrice de la ville, tandis que l’intérieur, très vaste et lumineux, est en pierre florentine grise et soutenu de colonnes de style palladien. Une succession d’arcs renvoie le regard du visiteur vers le maître-autel, sculpté par Juste le Court. L’église est enfin enrichie de beaux ouvrages de Bartolomeo Bon et de Pietro Lombardo. Les peintures de la sacristie, à gauche du maître-autel, sont particulièrement intéressantes : il s’agit en effet de plusieurs toiles du Titien et du Tintoret, dont Les Noces de Cana (regardez le premier apôtre de gauche, c’est Le Tintoret en personne !). Tout aussi admirables sont les œuvres de Palma il Giovane ainsi que des icônes d’art gréco-byzantin. L’icône centrale du maître-autel aurait été peinte par saint Luc.
  • Campo San Barnaba : Au bord du Rio San Barnaba. Vous souvenez-vous d’Indiana Jones sortant d’une bouche d’égout de Venise (Indiana Jones et la dernière croisade) ? La scène a été tournée ici même, mais ne cherchez pas la bouche d’égout, car elle n’existe pas ! Cette charmante petite place carrée est un lieu privilégié de promenade. Avec son église (ouverte de 7h30 à midi) du XVIIIe siècle, dont le campanile est surmonté d’une flèche du Moyen Age et l’intérieur décoré de toiles attribuées à Véronèse, elle fut choisie au XVIIIe comme lieu d’habitation par les nobles vénitiens ruinés (les barnabotti). Non loin de cette place, enjambant le Rio di San Barnaba (petit marché flottant le matin), vous pourrez également voir le Ponte dei Pugni (pont des poings), utilisé autrefois par les bandes rivales du quartier pour régler leurs querelles. Vous y verrez l’empreinte de deux pas marquant l’endroit où les deux combattants devaient se tenir avant que l’un d’eux ne tombe à l’eau.
  • Musée de l’Accademia (site): Ancien couvent et à la fois ancienne école d’art, ce vaste édifice face au pont homonyme de l’Accademia, conserve la plus importante collection de peinture vénitienne (Bellini, Giorgione, le Tintoret, Titien, Tiepolo) du XIVe au XVIIIe siècle. Créée par ordre du Sénat en 1724, afin ” d’attirer les artistes se rendant à Florence, Bologne ou Rome “, l’académie des beaux-arts de Venise devint avec les siècles, un centre artistique de première importance, dirigé par des artistes comme Giambattista Piazzetta et Gianbattista Tiepolo. C’est seulement en 1805, avec le retour en Italie de Napoléon, que le vice-roi Eugène de Beauharnais, en renouvelant ce qui avait déjà été fait pour l’Accademia de Brera à Milan et pour l’Accademia de Bologne, décida de donner à ” l’Accademia ” un siège plus approprié, en la transférant dans l’actuel ensemble architectural formé par le couvent des Canonici Lateranensi, oeuvre d’Andrea Palladio, par l’église gothique (désaffectée) de la Carità, reconstruite par Bartolomeo Bon en 1452, et par la Scuola della Carità, la première des scuole grandi de Venise, fondée en 1260. La collection de l’Accademia s’enrichit avec le temps, bien qu’elle ait subi des amputations considérables, notamment sous l’occupation française (Le Repas chez Lévi, de Véronèse, ne fut rendu qu’en 1838) et après l’unification italienne, quand nombre de ses tableaux fut envoyé à l’Accademia de Brera de Milan et dans les demeures des Savoie. Elle est aujourd’hui répartie en ordre chronologique dans 24 salles. Avertissement. Les salles de l’Accademia sont souvent l’objet d’éternels travaux de rénovation entrainant des changements de muséographie considérables. La disposition des oeuvres comme indiquée ici peut donc subir des modifications de saison en saison, tout comme l’ouverture des salles.
    • Salle 1. L’ancienne salle de réunion du Capitolo della Scuola Grande di Santa Maria della Carità, une confrérie laïque dont l’activité était consacrée aux pauvres, fut décorée (plafond) entre 1461 et 1484 d’anges aux visages tous différents les uns des autres. Cette salle met en évidence les liens étroits qui existaient entre la peinture byzantine, statique (fonds dorés et personnages fixes), et la naissante peinture gothique vénitienne du Moyen Age. Ce passage est très visible dans les toiles d’Antonio Vivarini et de Paolo Veneziano dont on peut notamment admirer le polyptyque, dit Polyptyque Lion (1325), du nom de son commanditaire, Domenico Lion, membre du Sénat vénitien (on le voit tout petit aux pieds de la Vierge).
    • Salles 2 et 3. Dans cette salle sont exposées plusieurs toiles des Bellini, des Gentile et des Giovanni (La Pala di San Giobbe), appartenant à un retable provenant de l’église San Giobbe, oeuvres qui marquèrent les débuts de la Renaissance vénitienne, ainsi que Cima da Conegliano et un beau Carpaccio.
    • Salles 4 et 5. Vous êtes ici dans deux des salles les plus intéressantes : on y admire La Vierge à l’Enfant entre sainte Catherine et sainte Madeleine de Giovanni Bellini ; parentèse flamande avec Le Portrait de jeune homme devant un paysage de Memling ; la saisissante Vecchia de Giorgione. Changement de siècle dans la salle suivante (5) avec les amples vedute de Canaletto.
    • Salle 8. Ne pas manquer, leSaint Jean Baptiste du Titien, la série des Scènes de la Genèse du Tintoret.
    • Salle 10. Décorée de colonnes en marbre provenant de la Scuola de S. Maria della Misericordia, cette salle abrite une série de toiles du Tintoret consacrées à saint Marc, dont l’Enlèvement du corps de saint Marc, évoque une des légendes fondatrices de l’histoire de Venise.
    • Salle 11. Depuis 1996, cette salle abrite des fragments des fresques de Giambattista Tiepolo qui ornaient le plafond de l’église degli Scalzi, ainsi qu’un beau Tintoret.
    • Salle 13. Vous y trouverez des oeuvres de Jacopo da Ponte, dit Bassano (Saint Jérôme méditant).
    • Salle 18. Dans cette salle sont conservées des toiles de Francesco Guardi, de Canaletto et de Pietro Falca, dit Longhi. Ces oeuvres sont particulièrement révélatrices en ce qui concerne les successives transformations de Venise au cours des siècles ainsi que la vie quotidienne des Vénitiens au XVIIIe siècle (Le Concert, L’Apothicaire, La matinée de la dame vénitienne, de Longhi).
    • Salle 23. Ici se trouve l’une des oeuvres les plus emblématiques de la collection : La Tempête (1500-1510) par Giorgione. Elle fut commandée par Gabriele Vendramin, un noble vénitien amateur de tableaux et de livres cachant des mystères. En effet, cette oeuvre est une allégorie et une énigme à la fois. La difficulté d’interprétation de ce tableau a donné lieu, au cours des siècles, à plusieurs hypothèses dont aucune n’est parvenue à percer le mystère. Certains ont cru reconnaître dans la ville déserte, dans le fond du tableau, le paradis terrestre et, dans les personnages, Adam et Eve avec leur fils Caïn… Les deux vestiges de colonnes seraient le symbole de la mort, ultime punition des hommes pour le péché originel…
    • Salle 24. La visite se conclut avec l’ancienne Sala dell’Albergo de la Scuola di S. Maria della Carità accueillant aujourd’hui La Présentation de la Vierge au Temple, du Titien.
  • Punta della Dogana: La Punta della Dogana est le dernier espace d’exposition ouvert à Venise par François Pinault en juin 2009. C’est, comme pour le Palazzo Grassi, l’architecte japonais Tadao Ando qui a été chargé de l’aménagement de ce bâtiment historique dont la fondation a obtenu la concession pour 33 ans. 5 000 m2 supplémentaires sont ainsi consacrés à l’art contemporain dans la cité des Doges. Cet édifice était à l’origine affecté à des entrepôts. Tadao Ando a réussi à respecter le lieu avec un aménagement fait de bois, de briques et de béton, dans des teintes d’une harmonie parfaite. L’éclairage associe la lumière des projecteurs, la lumière sidérale venant d’ouvertures faites dans le toit, et la lumière venant d’un coté du Grand Canal, de l’autre du canal de la Giudecca. Une grande réussite.
  • Collection Peggy Guggenheim (site) : Installé dans un palais du XVIIIe siècle, qui devait à l’origine compter 4 étages mais qui n’en compte qu’un seul (aussi les Vénitiens l’appellent-ils il palazzo Nonfinito, « le palais inachevé »), ce musée fut créé par la célèbre héritière américaine Peggy Guggenheim. Elle le racheta en 1949 et y installa sa collection qui rassemble les plus grands peintres du XXe siècle. C’est un oncle de Mme Guggenheim qui, à sa mort, créa la fondation. Le musée de Venise est sans doute le plus complet et le mieux aménagé de «la série Guggenheim». A travers ses 7 salles, vous découvrirez la maison privée de Peggy, sa cuisine décorée par Picasso, son entrée où est suspendu un mobile de Calder et sa salle de séjour où sont exposées de merveilleuses sculptures de Giacometti.
  • Le pont de l’Accademia :  pont en bois quelque peu fatiguant à enjamber, avec sa seule arche assez pentue. Mais San Marco est à ce prix ! Ce pont devait être provisoire lorsqu’il remplaça le précédent, en fer, construit par les Autrichiens, et qui commençait à gêner les nouveaux vaporetti. Mais le provisoire dure toujours… Allez vous y promener le matin, lorsqu’il est baigné par le soleil. Paul Morand, qui aimait s’asseoir de bonne heure à la terrasse du petit café situé à gauche, en venant du quartier de San Marco, en bas du pont, disait de lui : « L’air n’a pas encore servi ; il court à vous, tout débarbouillé, venant de la mer »…
  • Zattere : Fondamenta delle Zattere ai Gesuati. Le quai des Zattere s’étend le long du Canale della Giudecca, dans le sud de Dorsoduro. Son nom dériverait des radeaux, zattere en italien, utilisés autrefois pour l’acheminement des marchandises débarquées sur le quai. Depuis ses nombreuses terrasses de café, vous aurez un panorama sublime sur la lagune et sur le Redentore. C’est la promenade préférée des Vénitiens à la tombée de la nuit.

Guidecca

La Giudecca étant une île, on y arrive forcément par la mer, en taxi ou en vaporetto (au départ de San Zaccaria ou des Zattere). C’est sans doute la zone la plus hétérogène de Venise : logements, couvents, usines et entrepôts.

  • Église del Santissimo Redontore : Entre 1575 et 1577, une terrible épidémie de peste décima une bonne partie de la population de Venise, provoquant environ 50 000 morts. En 1576, le Sénat décréta l’érection d’une église consacrée au Rédempteur. Depuis cette date, chaque année, le 3e dimanche de juillet, un pont de barques relie la Fondamenta delle Zattere à l’église du Redentore, ce qui permet aux pèlerins de gagner l’église à pied et de remercier le Christ Rédempteur d’avoir mis fin à l’épidémie. La construction de l’église a été confiée par les frères capucins à Andrea Palladio, à l’époque, l’architecte le plus célèbre de la Vénétie et dont le style correspondait parfaitement à l’exigence de rigueur des frères. Dominant le canal de la Giudecca, l’église du Rédempteur, qui concilie l’art antique avec les valeurs et symboles de l’église chrétienne, est une des plus importantes réalisations palladiennes. La façade de l’église est caractérisée par un imposant fronton et par un grand escalier dont les 15 marches symbolisent la montée au Temple de Jérusalem. L’intérieur à plan longitudinal présente une structure idéale pour les processions : une nef centrale avec des profondes chapelles latérales couvertes d’un arc triomphal et, enfin, un choeur simple et rectangulaire protégé de 6 colonnes. Les oeuvres d’art qu’elle abrite sont extrêmement intéressantes : une Nativité et une Résurrection, dues à Francesco da Ponte, ornent le premier autel de droite et le deuxième de gauche. Également, une Flagellation et une Ascension du Tintoret, de 1588, ainsi qu’une Translation du corps du Christ au sépulcre, de Palma il Giovane, du XVIIe siècle, ornant le troisième autel de gauche. Mais l’oeuvre la plus remarquable est une Vierge à l’Enfant d’Alvise Vivarini, appartenant à la période de maturité de l’artiste.
  • Chiesa San Giorgio Maggiore : Cette imposante église fut fondée par les bénédictins au Xe siècle. Reconstruite au XIIIe siècle à la suite d’un tremblement de terre, elle fut définitivement remaniée en 1565 par le génie d’Andrea Palladio dont elle représente l’un des ouvrages majeurs. Le grand architecte vicentin ne vit pourtant jamais son achèvement et l’église fut terminée par son élève Vincenzo Scamozzi. Les schémas et les formes classiques chères au style palladien sont ici strictement respectés. A l’intérieur sont conservées des toiles de Da Bassano, de Ricci, de Carpaccio et du Tintoret, dont on peut admirer dans le choeur une splendide Cène, une Récolte de la manne ainsi que sa dernière oeuvre, une Déposition datant de 1594, terminée par son fils Domenico. En 1797, l’église fut fermée par Napoléon et transformée en caserne, tandis que les oeuvres d’art furent dispersées. Après des longues années d’abandon, en 1951, une partie du bâtiment fut achetée par le comte Cini, qui la transforma en Ecole d’arts et métiers et en centre d’exposition. Il fit aussi restaurer l’église palladienne. Du haut du campanile, érigé en 1726, la vue de Venise et de sa lagune est probablement l’une des plus belles de la ville.

Santa Croce

Au tout début de l’histoire de Venise, le Luprio était une zone de marais salants. Comme le sestiere (quartier) San Polo, souvent considéré comme son jumeau vénitien, le quartier de Santa Croce y est né.

  • Pont de la Constitution : il relie Piazzale Roma à la gare Santa Lucia. Le pont de la Constitution (ou pont Calatrava) a été un ardent sujet de controverses, qui a animé pendant des années bien des débats de comptoirs vénitiens. Quatrième pont lancé sur le Grand Canal, construit par l’architecte espagnol Santiago Calatrava Valls, le pont relie la gare Santa Lucia à la Piazzale Roma. Sa praticité ne fut pas discutée (et encore…), mais c’est son design futuriste et son coût exorbitant (plus de 10 millions d’euros) qui ont irrité plus d’un habitant de la cité des Doges. Les autorités n’ont dès lors pas souhaité donner l’occasion à des Vénitiens mécontents de se manifester : c’est le 11 septembre 2008 à… 23h44 que la cérémonie d’inauguration a eu lieu en catimini.
  • Église San Giacomo dall’Orio (site) : Dall’Orio est la contraction de de alloro (« laurier » en italien), plante qui poussait autrefois en abondance sur ce campo. San Giacomo, dont les fondations remontent au IXe siècle, est un des plus anciens édifices religieux de Venise. Son extérieur de style roman très sobre, son riche plafond décoré, les restes byzantins et les apports du XVe en font un édifice plein de contrastes. Et l’on peut même y voir une colonne de granit vert du VIe siècle provenant de la Byzance romaine. Sur le campo, admirez le campanile du XIIe de style vénéto-byzantin. L’église abrite l’une des rares oeuvres de Lorenzo Lotto à Venise, le retable d’autel dit Pala di San Giacomo dell’Orio, mais aussi plusieurs oeuvres d’artistes vénitiens comme Palma il Giovane (Sacrestia Vecchia) et Véronèse (plafond de la Sacrestia Nuova).

 

 

San-Marco

San Marco est LE quartier mythique de Venise. Sa célèbre place est connue dans le monde entier et l’on vient de tous les continents pour boire un chocolat chaud dans un de ses cafés historiques face à sa prestigieuse basilique. C’est en 828 que deux marchands vénitiens dérobèrent à Alexandrie les reliques de saint Marc, disciple de l’apôtre Pierre, pour les emmener à Venise. Marc était venu évangéliser la région au Ier siècle et avait fait naufrage dans la lagune qui allait donner naissance en 452 à la Sérénissime. La basilique sera construite en son honneur, et le quartier portera son nom.

  • Palais des Doges (site) : Le palais ducal, ou palais des Doges, fut non seulement la résidence des doges mais aussi le siège du gouvernement et de la justice de la République pendant plus de 10 siècles. Aujourd’hui, il demeure l’un des symboles les plus forts de la ville de Venise et de son prestigieux passé. Il représente, en plus, le plus bel exemple d’architecture vénéto-gothique. Initialement (IXe siècle) château-résidence des doges, ce palais fut remanié et définitivement reconstruit en style vénéto-byzantin sous le doge Sebastiano Ziani (1172-1178). Cependant sa structure actuelle est le fruit de deux siècles de travaux, commencés avec le remaniement, en 1340, du quai donnant sur la lagune et avec la construction d’un balcon de cérémonie de style gothique flamboyant en 1404. En 1424 fut ajoutée l’aile, également de style vénéto-byzantin, qui donne sur la Piazzetta San Marco. La partie gothique du palais fut achevée avec la construction de la Porta della Carta (1438-1441) et celle de l’Arco Foscari (1462-14471). Un incendie, en 1483, détermina l’édification de la partie orientale du palais, de style Renaissance, avec la transformation, achevée en 1516, de cette aile en portique. Enfin, le palais des Doges fut restauré en 1577 après plusieurs incendies qui l’avaient gravement endommagé. Le célèbre pont des Soupirs, traversant le Rio (canal) del Palazzo, relie le palais aux prisons, bâties entre 1560 et 1614. L’entrée du public se fait par la Porta del Frumento (côté lagune), ainsi appelée parce qu’elle se trouvait à côté de l’Ufficio delle Biade (biada en italien signifie ” avoine “). La visite commence par la cour interne, dans laquelle sont disséminés plusieurs puits aux margelles de bronze datant du XVIe siècle. On monte ensuite à l’étage des loggias (Piano delle Logge), où, après avoir tourné à droite, on visite les appartements du doge, au premier étage, et les salles institutionnelles situées entre le deuxième étage et l’étage des loggias. Le parcours se termine enfin avec l’Armeria et les prisons (i Piombi), que vous pourrez découvrir sur réservation, avec un tarif d’entrée spécifique. Les deux ailes les plus anciennes du palais sont aussi les moins décorées, tandis que l’aile Renaissance, à l’est, est beaucoup plus chargée. Elle est caractérisée par la Scala dei Giganti (l’escalier des Géants), construit par Antonio Rizzo et précédé par deux statues de Neptune, dieu de la mer, et de Mars, dieu de la guerre, oeuvres de Sansovino (1565). Cet escalier était l’ancienne entrée d’honneur du palais et la continuation de l’arc Foscari, relié à la Porta della Carta, l’actuelle sortie du palais. En haut des marches les doges étaient couronnés. A la droite de la Scala dei Giganti s’ouvre la cour des Sénateurs (XVIe siècle), où ces derniers se réunissaient avant de commencer les réunions. En face, sous le portique, se trouve un autra escalier monumental, la Scala dei Censori (escalier des Censeurs – 1525), où commence le parcours de visite des étages supérieurs. Pour monter à l’étage, vous emprunterez – en suivant les flèches de la visite – la Scala d’Oro (l’escalier d’Or), construit en 1559 et dont la voûte est ornée d’une décoration composée de fresques et de stucs blancs et dorés de 24 carats. Cet escalier constituait l’accès d’honneur aux appartements du doge et aux salles dans lesquelles se réunissaient les magistratures de la République. Sur les parois de l’entrée des salles de gouvernance vous remarquerez plusieurs bouches de lion utilisées, à partir du XVIe siècle, comme boîtes aux lettres pour les dénonciations anonymes. Les lettres, introduites dans la bouche, arrivaient ainsi directement dans les bureaux des administrations concernées, mais elles étaient rarement prises en considération, car on savait qu’elles étaient surtout dictées par l’esprit de vengeance.
    • Itinerari Segreti. La visite guidée permet de découvrir les anciennes prisons du Palais des Doges et les salles les plus secrètes de l’administration où vous aurez accès aux archives secrètes et aux bureaux de la police de la Sérénissime. Le circuit débute dans la cour du Palais ; d’ici une porte étroite descend au sous-sol vers les Pozzi (les puits), terribles lieux de détention où sont encore visibles les appels à la liberté gravés sur les murs par les prisonniers. La visite se poursuit par les salles de la Chancellerie, par celle de la torture, pour arriver aux Piombi (les plombs), qui tirent leur nom des tuiles de plomb qui en forment le toit et catalysent la chaleur l’été. Les cellules étaient ici réservées exclusivement aux opposants politiques. Le plus célèbre d’entre eux fut Giacomo Casanova, emprisonné en 1755. Après être passé par l’impressionnante charpente en bois du grenier, l’itinéraire se termine par la salle de réunion des trois chefs (Sala dei Tre Capi) à l’impressionnante décoration de boiseries et de peintures.
    • I tesori nascosti del Doge. D’importantes restaurations ont permit de rendre tout leur éclat à la Chiesetta et à l’Antichiesetta del Doge que cette visite guidée vous permet de découvrir. Un parcours fascinant et inédit qui emmène le visiteur à la découverte des salles à coffres forts où le trésor de la République était gardé, de l’appartement du Doge où il vivait avec ses proches ainsi que de sa chapelle privée. Le tout décorée de toiles et de fresques de grands maîtres de l’école vénitienne comme Vincenzo Scamozzi et Sebastiano Ricci ainsi que de mosaïques somptueux.
  • La basilique Saint-Marc (site) :  la basilique constitue un mélange unique de styles qui relaie mieux qu’aucun autre édifice européen les traditions de l’Antiquité, via une forte influence byzantine. En 828, Venise possédait donc la précieuse relique du corps de saint Marc, mais aucune église digne de la recevoir. C’est pourquoi fut construite la première église Saint-Marc consacrée en 832. Elle fut détruite en 976 dans l’incendie qui ravagea le palais ducal. Une seconde, édifiée sur ses cendres, fut consacrée en 978. La basilique que nous admirons aujourd’hui a des fondations du XIe siècle.
    • L’extérieur. La basilique est construite sur le modèle de l’église des Saints-Apôtres de Constantinople, selon un plan en croix grecque. Au cours des siècles suivants, au fur et à mesure qu’augmentaient la puissance et la richesse de Venise, l’édifice fut considérablement remanié. Son apparence actuelle date de la fin du XVe siècle et du début du XVIe. Le sac de Constantinople en 1453 devait être à l’origine de la première nouvelle décoration de Saint-Marc. Des trésors inestimables tombèrent entre les mains des Vénitiens à cette occasion et la Sérénissime devint une puissance à l’échelle mondiale. Comme il fallait faire étalage de cette prospérité, la basilique fut gratifiée de nouvelles coupoles (chacune des coupoles basses fut recouverte d’une seconde coupole à charpente de bois revêtue de plomb, beaucoup plus haute et surmontée d’une lanterne et d’une croix dorée). Les arcades supérieures ont subi un changement notable entre la fin du XIVe siècle et le milieu du XVe : elles ont été couronnées de sculptures gothiques qui forment une frise dentelée. La façade principale est divisée en 5 portails surmontés de 5 grands arcs. Le portail du centre est fermé par des portes de bronze rapportées de Byzance au XIe siècle. Ici, un losange en porphyre marque l’endroit précis où l’empereur Frédéric Barberousse dut s’agenouiller devant le pape Alexandre III en 1177. Sur la Loggia dei Cavalli, au-dessus du portail central, se dressent les très célèbres chevaux de bronze doré provenant du sac de Constantinople de 1204, le seul quadrige de l’Antiquité qui nous soit parvenu. Le portail donne sur le narthex (vestibule d’entrée) décoré de marbres rares et de mosaïques.
    • L’intérieur. A l’intérieur, sur une surface d’environ 4 000 m2, des mosaïques uniques recouvrent l’ensemble. Cette explosion d’or et de couleurs commence avec le narthex (vestibule d’entrée), décoré de marbres rares et de mosaïques représentant, dans l’ordre chronologique, des scènes empruntées aux deux premiers livres de l’Ancien Testament, la Genèse et l’Exode. Sur la première coupole du narthex, à droite de l’entrée principale, on reconnaît la Création. Sur la voûte centrale, le Déluge, l’arche de Noé et la tour de Babel. L’histoire d’Abraham est représentée sur la coupole à gauche de l’entrée principale et, enfin, la dernière coupole raconte l’histoire de Moïse. Une fois dépassé le vestibule, on est frappé par la beauté des deux coupoles centrales dont les mosaïques représentent la Pentecôte (XIIe siècle) et l’Ascension (XIIIe siècle). La pièce maîtresse est sans doute celle conservée derrière le maître-autel, la Pala d’Oro. Remarquez également la porte de la sacristie, ornée de panneaux de bronze réalisés par Sansovino, sur lesquels on reconnaît son portrait et ceux du Titien et de l’Arétin. Dans l’aile sud est conservé le trésor de Saint-Marc, constitué de chefs-d’oeuvre d’orfèvrerie byzantine provenant aussi du sac de Constantinople. Plusieurs pièces ont été perdues, volées ou fondues en 1797 quand Napoléon s’empara de Venise. Enfin, le pavement en marbre et en mosaïques du XIIe siècle, où alternent des figures animales et des motifs géométriques, est également tout à fait remarquable.
    • Pala d’Oro et Trésor (derrière le maître-autel). De l’or et encore de l’or ! Vous pourrez constater de vos propres yeux à quel point la Repubblica Serenissima était riche et pieuse. Le trésor de Saint-Marc se compose d’objets liturgiques, de coupes et de calices, de reliquaires provenant de Constantinople, et de textes sacrés. Vous admirerez tout particulièrement la Pala d’Oro. il s’agit d’un retable d’or mesurant 1,40 m sur 3,48 m, chef-d’oeuvre de bijouterie byzantine et vénitienne. Il est constitué de 250 plaques d’or incrustées de perles, elles-mêmes cloisonnées de 80 émaux et serties de quelque 3 000 pierres précieuses et semi-précieuses. La Pala d’Oro fut réalisée en 978 par des orfèvres de Constantinople pour le doge Pietro Orseolo, puis agrandie aux XIIe et XIIIe siècles, et achevée en style gothique par un orfèvre siennois en 1345.
    • Museo Marciano (accès par l’escalier à droite du portail d’entrée de la basilique). Incontournable pour admirer de près les célèbres Chevaux de Saint-Marc, dont l’histoire a traversé les siècles. Ces quatre statues antiques en cuivre coulé ont d’abord orné l’hippodrome de Constantinople avant d’être enlevées, en 1204, par les Vénitiens pour être placées au-dessus de la porte principale de la basilique Saint-Marc. En 1797, Bonaparte, général en chef de l’armée d’Italie, les fit venir en France. Devenu empereur, il les plaça sur l’Arc de Triomphe du Carousel, monument à la gloire de ses armées. Rendues à Venise en 1815, elles regagnèrent la façade de la basilique. Remplacées depuis 1980 par des répliques, elles sont aujourd’huis au musée, pour être préservées de la pollution.
  • Le campanile di San Marco (site) : Construit au XIIe siècle, le campanile de Saint-Marc, haut de 99 mètres, a combiné de multiples fonctions utiles : il a longtemps servi de phare aux navigateurs ; l’archange Gabriel, à son sommet, indiquait le sens du vent ; il fut utilisé, au Moyen Age, pour les peines capitales : les condamnés étaient hissés à mi-hauteur dans des cages, plusieurs semaines, jusqu’à leur mort. Et à sa base se trouve le système calculant la marée et prévenant les risques de crues. Mais le 14 juillet 1902, à 9h55, le plus haut sommet vénitien s’effondre… Il fut reconstruit à l’identique avec les matériaux récupérés. Des cinq cloches originales, il ne resta cependant que la plus grande. Et les restes du campanile, après avoir été recouverts d’un drap noir, furent « inhumés » dans la lagune.
  • La tour de l’horloge (site) : Il était dangereux d’être un horloger de génie dans la Venise du XVe siècle ! Selon la légende, le mécanisme complexe de cette œuvre hors du commun fut créé par deux horlogers vénitiens, que l’on a rendus aveugles ensuite afin que seule Venise puisse posséder une pièce aussi exceptionnelle. La restauration de l’horloge, achevée en 2006, a été confiée au célèbre horloger suisse Piaget. Aux dernières nouvelles, celui-ci n’a toujours pas perdu la vue… Le cadran, en émail bleu nuit constellé d’étoiles dorées, représente la voûte céleste et le Temps et deux statues en bronze, dites les Maures en raison de la couleur sombre du métal, viennent sonner la cloche toutes les heures. L’horloge indique aussi les phases de la lune et le zodiaque.
  • La Fenice (site) : C’est dans ce magnifique opéra vénitien, dans le plus pur style des théâtres ” à l’italienne “, d’abord nommé Opera San Fantìn (du nom du campo où il se trouve), que Verdi créa Rigoletto, en 1851, et La Traviata, et que Visconti tourna la scène d’ouverture de Senso, en 1954. Lieu mythique s’il en est, il fut détruit lors d’un premier incendie en 1734, puis lors d’un second le 12 décembre 1836. Il fut entièrement reconstruit en un an. 1996 : un nouvel incendie, dont les causes demeurent obscures, dévasta à nouveau le théâtre, ce qui allait donner lieu à une polémique concernant la sauvegarde et la reconstruction des monuments vénitiens : fallait-il ou non reconstruire La Fenice à l’identique ? Finalement, on a une fois de plus opté pour le parti de la restauration. La salle, comme l’indique la devise de la fondation de La Fenice, a été reconstruite ” com’era e dov’era ” (comme elle était et où elle était). Les enjeux juridiques, politiques et le coût élevé des travaux ralentirent considérablement la restauration de l’édifice. Après sept ans de travaux, le théâtre fut inauguré le 14 décembre 2003 avec une semaine de concerts et une affiche prestigieuse dont le célèbre chef d’orchestre italien Riccardo Muti et Elton John.
  • Le Pont du Rialto : il enjambe le Canal Grande et relie San Marco à San Polo au niveau du Fondaco dei Tedeschi. Immortalisé par Shakespeare dans Le Marchand de Venise, ce pont est parmi les symboles les plus connus de la cité des Doges. Situé à l’endroit le plus étroit du Canal Grande, emprunté depuis toujours par les Vénitiens pour passer d’une rive à l’autre du canal, ce pont était autrefois constitué simplement de barques, appelées quartarole, d’après le nom de la monnaie utilisée pour le péage : il suffisait d’en désaccoupler quelques-unes pour laisser passer les navires. Au XIIIe siècle, ce pont rudimentaire fut remplacé par un pont-levis en bois. Incendié, écroulé, plusieurs fois rebâti, en 1557 il menaçait de tomber en ruine de nouveau et Venise se décida à s’offrir enfin un pont en pierre. Plusieurs projets furent donc présentés, certains signés par des célèbres architectes de l’époque, comme Andrea Palladio, Jacopo Sansovino ou Vincenzo Scamozzi. Ce fut le projet d’Antonio Da Ponte qui fut retenu. Les travaux commencèrent en 1588 et s’achevèrent en 1591. Constitué par une seule grande arcade, le pont du Rialto est long de 48 m, large de 22 m et haut de 7,50 m. Il relie les sestieri de San Marco, plus précisément le quartier de Rialto et de San Polo. Il est traversé par trois rampes d’escaliers.

San Polo

C’est donc ici que l’histoire a commencé. Berceau de l’histoire de Venise, le quartier San Polo est, avec ses 34 hectares, le plus petit quartier de la Sérénissime. Le quartier fait en effet partie des territoires les plus anciens de Venise. Il fut colonisé au IXe siècle, en même temps que son voisin San Marco, avec laquelle il faisait partie des îles de Realtine. Les fondations de l’église San Polo datent de cette époque.

  • La basilique Santa Maria Gloriosa dei Frari (site) : Prestigieux témoignage de l’architecture gothique vénitienne et excellent exemple de  musée-église ou d’église-musée (le doute reste entier), la basilique des Frari Minori (les franciscains) fut édifiée en 1338 dans un style gothique tardif. Son campanile haut de 70 m (le plus haut de Venise après celui de Saint- Marc) et son intérieur à trois nefs bordées de 12 colonnes sont tout à fait remarquables. On peut y contempler quelques-unes des plus importantes oeuvres d’art de Venise. Juste après l’entrée, en tournant à droite, se trouvent la Madonna di Ca’Pesaro, du Titien, le tombeau de Canova, réalisé sur un projet du sculpteur par ses élèves à sa mort, et, juste en face, le tombeau du Titien, réalisé par deux élèves de Canova, Luigi et Pietro Zandomeneghi. Au fond de l’église, le choeur, signé de Pietro Lombardo et de Bartolomeo Bon (1468), est formé par trois rangées de banquettes en bois sculpté. Le maître-autel est d’une étonnante beauté : la chapelle de droite, abritant le tombeau du doge Francesco Foscari (1457) qui régna pendant plus de 34 ans, et la chapelle de gauche, où se trouve celui du doge Nicolò Tron, encadrent la célèbre Assomption du Titien (1516) au-dessus du maître-autel. Première oeuvre religieuse du Titien, cette toile trancha nettement avec le style sobre et pieux de l’époque. L’abside de gauche abrite la chapelle Corner, ornée d’un triptyque de Vivarini représentant saint Marc, et la tombe de Claudio Monteverdi, le célèbre compositeur, tandis que dans une chapelle de l’abside de droite est conservé le Saint Jean Baptiste de Donatello (1450). Dans cette même partie de l’église se trouvent la chapelle Bernardo, dont le retable fut réalisé par Vivarini en 1474, et la Vierge à l’Enfant entourée des saints de Giovanni Bellini (1488). Sur la console à gauche, Présentation du doge à la Vierge, de Paolo Veneziano (1339). L’ancien monastère franciscain adjacent à l’église et abritant aujourd’hui les archives possède deux magnifiques cloîtres de styles sansovinien et palladien.
  • Église San Pantaleone (site) : La première fondation de l’église San Pantaleone, ou « Pantalon » dans le dialecte vénitien, remonte au XIe siècle. Elle fut reconstruite au XVIIe, mais jamais terminée, car la brique de sa façade est toujours apparente. Entrez dans cette église où l’artiste Gian Antonio Fumiani passa près d’un quart de siècle (de 1680 à 1704, et il y repose aujourd’hui) pour achever les quarante toiles qui composent Le Martyre de San Pantalon. Un plafond peint de 443 m², probablement un record. Vous remarquerez que les toiles descendent le long des murs, provoquant un saisissant effet de perspective en trompe-l’oeil. Détaillez les innombrables personnages qui composent la scène. Admirez les anges volant au milieu du ciel d’où semble partir toute la lumière qui éclaire l’église.

les îles

  • Burano : A 8 km de Venise, cette île de moins de 3 000 habitants doit son origine, comme Murano et Torcello, aux peuples qui jadis fuyaient la Terra ferma. En effet, Burano, ou Bureana, tient son nom elle aussi d’une des portes d’accès d’Altino. Au VIe siècle, elle n’était qu’un vicus, quartier de Torcello. Burano est aujourd’hui une île à part entière, avec des caractéristiques bien à elle : ses maisons aux couleurs vives (bleu ciel, rouge, vert clair…), ses pâtisseries (les busolai, les zaeti, gâteaux en forme de S) et son campanile de l’église de San Martino, penché d’environ 1,80 m. Burano fut une des rares îles de la lagune à ne pas subir le déclin qui fut celui de sa voisine, Venise. Grâce à sa configuration, elle put également éviter de devenir un marais, à l’image de Torcello. Bien qu’une grande partie des habitants de Burano travaille à Venise ou dans les fabriques de verre de Murano, l’île conserve encore une activité propre liée à la pêche, mais surtout à l’artisanat de la dentelle et de la broderie. Cette tradition, qui date du XVe siècle, fit connaître l’île de Burano à travers le monde. Selon la légende, un pêcheur qui résista au chant des sirènes reçut de celles-ci une couronne faite de l’écume des vagues de la mer. Il l’offrit à son épouse et les femmes de l’île, jalouses, essayèrent d’égaler l’oeuvre des sirènes en travaillant une dentelle très fine. C’est ainsi que naquit le fameux point de Burano, le punto in aria (littéralement, « point en l’air »). Tombé en déclin, l’art de la dentelle connut une seconde vie à la fin du XIXe siècle grâce à la ténacité d’une des dernières dentellières de l’île, Cencia Scarpariola. Cependant, le Buranello (comme on appelle les habitants de Burano) le plus célèbre de l’île ne fut pas cette courageuse petite dame, mais Baldassarre Galuppi (1703-1785), musicien baroque à qui est consacrée la place principale. Burano est également intéressante pour ses édifices religieux. Malheureusement, pendant la période napoléonienne, de nombreuses églises furent désaffectées, comme Santa Maria delle Grazie, dite les Capucines, ou bien San Moro et San Vito. Seule demeure l’église San Martino Vescovo, qui abrite des fresques de Tiepolo.
  • Torcello (site) : découverte au VIIe siècle par les habitants de Carole, d’Aquilée et d’Altino, qui cherchaient un refuge à l’époque des invasions barbares, et fut le premier site d’installation de la population lagunaire. Son importance en tant que centre de la lagune grandit ensuite avec le temps. La stèle commémorant la fondation de la cathédrale date de 639 : c’est le plus ancien document concernant la lagune. Avant la fin du Ier millénaire, l’ancienne île de Dorceum, ou Turricellum, comptait près de 20 000 habitants. Elle représentait alors le plus grand centre habité de la lagune. Elle rayonnait par son activité jusqu’aux îles de Mazzorbo, de Burano et d’autres sites alors construits, mais aujourd’hui disparus. Cette croissance continua jusqu’aux XIIe-XIIIe siècles, quand la population insulaire commença à migrer vers les îles Réaltines (actuel Rialto). L’activité de l’île se maintint grâce au port commercial, aux salines et au travail de la laine. Cependant, elle connut un déclin lent mais régulier qui la transforma en bourg rural qui essaie de survivre aujourd’hui principalement du tourisme et de l’agriculture (culture des artichauts). Les friches d’orties et de ronces ont envahi le reste de l’île qui ne compte plus qu’une poignée d’habitants. Mais il y règne une certaine magie et il existe encore des monuments pour témoigner de son passé glorieux. Notamment le complexe monumental de la cathédrale de Santa Maria Assunta (fondée en 639) avec ses mosaïques byzantines et romaines, et l’église de Santa Fosca (datant du XIe siècle), entourée par un beau portique.
  • Murano : Située à l’est de Venise, Murano s’étend sur cinq îles, divisées par un « petit » Grand Canal, le Canale dei Marani. Tout comme Torcello, il fut fondé par les populations qui fuyaient Altino (région de Padoue) au VIe siècle, à l’époque des invasions barbares. Son ancien nom dériverait d’ailleurs d’Ammurianum, nom d’une des portes d’accès d’Altino. Au Moyen Age, Murano était déjà très appréciée pour ses activités productives : les moulins et la pêche. L’île devint tellement importante que la République de Venise lui octroya la permission de battre sa propre monnaie, les oselle, et d’avoir un Maggior Consiglio autonome formé de 500 membres. Actuellement, elle est habitée par seulement 7 000 personnes, cependant elle connut des périodes démographiques plus prospères. Au XVIe siècle, à l’époque de son apogée, Murano comptait 30 000 habitants. On y construisait de somptueux palais et jardins, églises et monastères, lieux de villégiature des aristocrates et de leurs invités. On y donnait de nombreux dîners en présence d’artistes, d’hommes de lettres, d’invités d’honneur de la Repubblica Serenissima, comme Henri III (de France) en 1574. Murano est aussi appelée « l’île des feux », à cause de nombreux fourneaux. En fait, le véritable tournant dans l’histoire de l’île, et, qui décida de sa richesse, date du décret de 1295, quand les fours des maîtres vitriers de Venise furent transférés à Murano par crainte d’incendies. Au XVIe siècle, l’île possédait 37 fabriques de verre, et cette industrie hautement spécialisée, dont les secrets de fabrication étaient jalousement gardés, procurait à ses propriétaires d’innombrables privilèges. Aujourd’hui, les techniques employées à Murano ont beau n’être plus un secret, peu d’artisans en dehors des Vénitiens font preuve d’un meilleur savoir-faire. Les verreries d’art de Murano ont une renommée internationale. Elles sont exportées à travers le monde et font de l’île une destination touristique très prisée.
    • église Santi Maria E San Donato (site) : Murano possédait autrefois huit églises dont il ne reste aujourd’hui que la façade de l’église de Santa Chiara, désaffectée sous Napoléon et transformée ensuite en verrerie, et des vestiges de la chapelle de Santo Stefano ainsi que cette église Santa Maria, fondée au VIe siècle, mais remaniée au XIIe et au XIXe siècle, et qui s’élève sur le joli canal de San Donato. Réalisée en brique rouge et en pierre d’Istrie, sa façade ne présente pas un intérêt particulier. Cependant, quand on en fait le tour, son abside apparaît comme un chefd’oeuvre de colonnes vénéto-byzantines et d’arcades. L’intérieur est également très intéressant, car la voûte et le sol ont été décorés de mosaïques par les maîtres verriers, entre le XIe et le XIIe siècle. Ces figures d’animaux fantastiques, de poissons et de madones inspirent sans doute encore les artistes verriers contemporains.

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