Au-dessus de Taveyanne (août 2024)

Posté Par Philippe le 13.08.2024 | 0 commentaire


La voiture parquée du côté de Frience, nous nous mettons en route pour les Chaux, près de la station supérieure de la télécabine de la Barboleusaz. Cette montée se fait en traversant les pistes de skis, mais cela n’est pas vraiment dérangeant puisque seuls quelques canons à neige sont visibles.

Des Chaux nous continuons vers le hameau de Taveyanne par la route non goudronnée. Le passage dans la forêt apporte un peu de fraîcheur. Arrivés sur place nous faisons un petit tour entre les beaux chalets dont tous les toits sont recouverts de tavillons (petites “planchettes de bois”).

Puis c’est la montée vers la Croix des Chaux. La montée est rude sous cette chaleur. Surtout le début qui est bien raide. Lorsque le sentier passe sur le flanc du Coin la pente s’adoucit quelque peu. Quand on arrive sur l’arête reliant le Coin et la Croix des Chaux nous faisons notre pause pic-nic. L’endroit est magnifique. D’un côté la vue sur Solalex et le massif de l’Argentine et de l’autre côté la vue sur Villars et les sommets au-dessus de Leysin.

La descente vers les Chaux se fait d’abord sur une crête jusqu’à la croix (de la Croix des Chaux) puis sur la “piste bleue” que les skieurs empruntent en hiver.

Aux Chaux nous faisons un petit arrêt pour acheter du fromage fait dans la fromagerie attenante au restaurant.

Pour revenir à Frience nous suivons un moment le sentier qui part en direction de Solalex. A la Mérine nous quittons ce chemin et marchons en direction de Frience que nous rejoignons une dizaine de minutes plus tard.

Toutes les photos ici.

carte interactive de la région

altitude de départ: 1520 m

altitude d’arrivée: 1520m

altitude minimale: 1515 m

altitude maximale: 2085 m

dénivelé positif: +760 m

dénivelé négatif: -760 m

temps de parcours: 4 h 15

distance totale: 12130 m

Taveyanne

Relater l’historique de Taveyanne n’est pas chose facile. Il existe peu de documents mais suffisamment pour avoir une idée générale. Ce pâturage appartenait à de riches familles (les Naters, les Saillons) et ceci pour un quart ou un huitième. Ces parts ont été vendues à l’Abbaye de St-Maurice. Un vieux texte relatif à Taveyanne de 1270, dit que l’abbé acheta de la famille de Saillon un huitième du pâturage. Comment ces familles valaisannes avaient-elles des droits de propriétés ? Nous l’ignorons. En 1285, G. de Saxo de Naters remit sa part à l’Abbaye. L’abbé poursuivit sa politique d’achat, sans qu’on sache à partir de quand il fut l’unique propriétaire du pâturage. Dès le XVe siècle, il ne fut plus mentionné d’autres propriétaires. Les habitants de Gryon avaient un droit d’alpage par un acte de 1439, mais ne pouvaient alper que trois jours après l’Abbaye. On retrouve de temps en temps un document comme celui de 1624 qui relate que pour alper à Taveyanne, Gryon doit payer 100 florins plus 250 livres de bon fromage. Ces cens ont changé au cours des ans et représentaient un impôt foncier. En 1752, l’Abbaye se plaint de la qualité du fromage.

Le cadastre de 1781 déclare le pâturage propriété des communiers. En 1798 les Gryonnais se crurent libérés du paiement mais furent rappelés à l’ordre par le Directoire qui décréta : “la perception du droit à l’alpage aura lieu jusqu’à ce que la loi en dispose autrement”. Ce n’est qu’en 1804 que Gryon se libéra de ses obligations envers l’Abbaye et dut payer 484 livres 7 batz. Dans l’historique de Gryon il est fait quelquefois mention de Taveyanne. La première citation de Griuns date de l’an 534, au moment où les Francs occupèrent la vallée du Rhône sous le nom du Comté du Valais. A ce moment-là, notre village n’était qu’un mayen et très certainement, Taveyanne n’existait pas autrement que comme forêt et terrain de chasse. Ce n’est guère avant l’an 1200 que l’on parle des propriétaires du pâturage qui a du être défriché petit à petit. On trouve un acte de 1599 où l’on parle de trois chalets à Taveyanne, puis au XVIIe, siècle on parle de deux chalets où l’on fait le fromage en commun, genre de “Mêle”. Il s’agit du chalet de Millaz et de celui de la Vesse, les autres étaient sûrement des étables.

Un événement important pour Taveyanne fut l’incendie du 13 juillet 1719. Jour de la montée à l’alpage. A 4 heures du matin, l’incendie se déclara et 36 chalets furent complètement détruits. Trois heures plus tard, c’était le village de Gryon qui brûlait, 26 maisons d’habitation, 24 granges et 18 greniers, ce qui représente un total de 104 constructions. Heureusement, les secours affluèrent de tous côtés et permirent de reconstruire. L’année suivante un premier chalet fut déjà édifié à Taveyanne.

Plusieurs chalets n’ont pas de date, mais la plupart ont été construits à la même époque, de 1720 à 1830, sauf le dernier-né à Taveyanne, la nouvelle étable communale en 1987. Tous ces chalets sont groupés sur huit rangs au milieu du pâturage, à l’abri des avalanches.

Taveyanne est situé à environ 1650 mètres d’altitude. Son nom vient de « tavé », un mot du patois local qui signifie « tavillon » et désigne les petits bardeaux qui recouvrent les toits des chalets, lesquels se parent de reflets variant du gris argenté au noir suivant le temps. Une trentaine de chalets sont ordonnés en huit rangées décalées, leurs faîtes perpendiculaires à la pente. Le hameau fut bâti sur une vaste prairie plate, au-dessus d’un ravin où se rejoignent les cours d’eau qui prennent leur source plus haut. Taveyanne dégage une remarquable impression d’homogénéité.

Le hameau n’étant pas relié au réseau électrique, la plupart des maisons ne sont habitées que l’été. La traditionnelle fête de la « Mi-été » a fait la renommée de Taveyanne. Le but premier de cette coutume était, le premier deuxième dimanche d’août, de peser les meules de fromage produites et d’organiser une fête pour les vachers et les paysans. 

La majeur partie des chalets et écuries appartenant à des privés, le conseil communal, dans sa séance de septembre 1942, adopte un nouveau règlement dictant l’usage, l’entretien et règles à adopter par les propriétaires pour garder une unité au hameau. Nous y lisons notamment : …” Aucune autre couverture que les “tavillons” n’est admise.


Tavillon vient de tavé, mot du patois local, qui veut dire planchette de bois avec laquelle on couvrait des toitures. Par extension, nous avons nommé toit en tavillons, toute couverture en bois ; de là viendrait aussi le nom du village “Taveyannaz”. Nous nommons enseille ou bardeau, une pièce un peu plus grande et plus épaisse que le tavillon et dont la pose est différente.

Seul un bois de première qualité répond aux exigences du tavilloneur. Comment choisir l’épicéa qui convient et qui fend ? Il faut le prendre de préférence au fond d’une combe ou de la vallée, sur les collines, les arbres sont en effet soumis à l’action du vent qui tord la fibre et décolle les cernes. Les écailles de l’écorce doivent être alignées. Si elles tournent à gauche c’est bon pour des enseilles et si elles vont à droite pour les tavillons. Un épicéa dont les branches, appelées “pendantes”, se dirigent vers le bas, se prêtera mieux à la fente. Si on coupe une branche, elle doit fendre aussi droite que possible et sans tordre. C’est aussi une bonne preuve pour l’arbre lui-même. On peut également soulever un peu l’écorce pour voir la fibre du bois. Il faut que l’arbre en question ait le moins de branches possibles. Il est débité en rondelles de cinquante centimètres. Pour commencer le bord du toit, on utilise des enseilles plus courtes de vingt centimètres. On emploie pour fendre, un fer, sorte de lame d’acier à tranchant large avec une poignée disposée à l’une des extrémités. On frappe sur cette lame avec une mailloche en bois. Il faut commencer par fendre les “motzes” pour en faire des quartiers et enlever la partie vers le bois de cœur, le “niollard”. Le tavilloneur place le morceau à fendre dans la rainure de son banc. Il engage le fer dans le bois par quelques coups de mailloche, puis par un mouvement de va-et-vient, imprimé au manche de fer, il fait éclater le morceau dans le sens de la veine. Le tavillon et le bardeau peuvent être “parés”, c’est-à-dire redressés s’ils sont tordus. Ces morceaux fendus sont mis dans un fil de fer pour former un paquet facile à transporter. A l’origine, les enseilles posées sur les toits n’étaient pas clouées mais chargées de lattes et de pierres. Puis on les cloua avec des clous forgés à la main. Avec un mètre cube de bois, on peut recouvrir une surface de 17 à 20 m2. La durée de la couverture est déterminée souvent par la pente du toit, pouvant aller de 25 à 30 ans.

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