Gudrun Eva Mínervudottir naît en 1976 à Reykjavík. Elle suit d’abord sa mère, professeur de piano, de village en village à travers le pays, puis réintègre la capitale en 1993 pour entrer au lycée et travailler comme barmaid.
En 1998, paraît le recueil de nouvelles Á meðan hann horfir á þig ertu María mey (Pendant qu’il te regarde, tu es la Vierge Marie), très bien accueilli par la critique. Puis deux romans, Lúlí, ljúlí et Fyrirlestur um hamingjuna (Conférence sur le bonheur), publiés par Bjartur.
Gudrun Eva vit désormais à Reykjavík, où elle se consacre à l’écriture et, à ses moments perdus, aux études de philosophie à l’Université d’Islande.
- Á meðan hann horfir á þig ertu María mey (1998) – Pendant qu’il te regarde tu as vu la Vierge Marie : Qu’il s’agisse de prendre un bain après un concert, de manger de la pâtée pour chats, d’adopter un ficus, de prendre Dieu pour amant ou d’ôter de la gorge d’un garçon la boule qui l’étrangle, le quotidien islandais de la narratrice ne manque pas de sel. Ni de piquant. Voici des nouvelles courtes, souvent écrites à la première personne ; des histoires d’amour, de haine, de fantômes, de règlements de comptes avec les autres ou avec soi-même. L’humour, la candeur douce-amère qui se dégage de l’œuvre toute entière ainsi qu’une distance prise par rapport aux personnages laissent à penser qu’on peut tirer des leçons de ce qui nous est raconté, qu’il ne faut pas tout prendre au pied de la lettre. Le charme subtilement empoisonné d’une prose qui, sous des dehors de ne pas y toucher, sème une étrange confusion dans l’âme.
- Fyrirlestur um hamingjuna (2000)
- Albúm (2002) – Album : Incontournable recueil des anecdotes du quotidien, témoin de la genèse familiale et mémoire imagée du foyer, l’album photo est une pièce constitutive de l’histoire de chacun. Guðrún Eva Mínervudóttir travaille son récit en rendant hommage à ces compilations mémorielles, et choisit de présenter, de manière chronologique, de courts textes qui photographient ses souvenirs et évoquent de courts instants de sa plus tendre enfance jusqu’à son entrée dans l’âge adulte. D’une écriture humble et précise, elle dissèque diverses situations pour en dégager des sensations merveilleusement intactes, qu’on aurait pensées indicibles. Album aurait pu n’être qu’un exercice littéraire mais, parce qu’il est conçu avec une tendresse véritable et dénuée de mièvrerie, c’est un roman d’une incroyable douceur, où l’on s’attache aux personnages et où l’on voit se dérouler les aléas d’une mère célibataire, d’une petite fille amoureuse, et de quelques intervenants de passage. Détachée de tout narcissisme, ancrée dans la trivialité d’un quotidien islandais désargenté, Guðrún Eva Mínervudóttir raconte sa saga, explique pourquoi elle est amoureuse de Derrick, et on la comprend : c’est parce qu’il « surclassait les autres personnages de la télé comme un pur sang arabe au milieu d’un troupeau de moutons atteints du tournis ».
- Yosoy (2006)
- Skaparinn (2008) – Le créateur : Les cheveux d’un noir de jais, des lèvres rosées légèrement entrouvertes, de longs cils recourbés, un corps parfait. Elle est sublime, tout simplement. Et elle a disparu. Pour Sveinn, son créateur, aucun doute possible : la coupable est Lóa, cette étrange bonne femme surgie de nulle part qui a échoué chez lui après une panne de voiture, complètement déboussolée. Mais pourquoi diable une mère de famille au bord de la crise de nerf voudrait-elle s’encombrer d’un tel fardeau ? Furieux et désemparé, Sveinn part à la recherche de sa belle brune en silicone… et peut-être aussi de lui-même.
- Allt með kossi vekur (2012)